MICHIELS

Au commencement était le regard !

Au commencement était le regard ! Ed. du Panthéon.

Écrire l’espace, peindre les creux et les absences, tout fait sens dans l’œuvre de Marc Michiels. En poèmes visuels, il recherche la sensation qui fera le lien avec l’invisible. Une quête aussi fragile qu’une rêverie, aussi insaisissable que les jeux de la lumière sur l’eau. Fluide, célébrant le passage et la métamorphose, sa mélodie invite à retrouver sens et sérénité, une sensation d’ême, entre un état d’être et un état d’âme…

Illustration de couverture : Peinture de Vincent Tailhardat, 2022.
Titre : Les rêveries du chat Mokotchan…

https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/au-commencement-etait-le-regard/
https://www.arts-spectacles.com/Au-commencement-etait-le-regard–Marc-Michiels-Editions-du-Pantheon_a17542.html

Ebook : http://bit.ly/3lPnegr

Note sur l’édition : La présente édition se veut une oeuvre sans image, de simplification pour les uns, de nature classique pour les autres, construite de publication en publication :

L’esprit des mutations – Éd. Jannink – Prise Directe n° 2/2006.
Aux passions joyeuses – Éd. Ragage – Écrin n° 114, bilingue/2009.
Aux doigts de bulles, Éd. Ragage – « alternative literature », bilingue/2010.
– Les nourritures de l’Oxymore (Néogonie des rêves, 2017/Divine mélancolie, 2019/Tels que nous sommes encore ! 2021 – Éd. Lelivredart).

En effet, l’auteur aime enrichir son propos en transformant la forme, comme pour en modifier le fond. En cherchant à chaque fois une couleur différente, un retour sur sa mémoire comme pour mieux l’oublier. En s’interrogeant sur la singularité cachée des signes et le sens de l’origine de ses sensations du sensible. En préférant toujours l’invisible à la lumière, au voyage intérieur de l’âme, des visions nocturnes où la vie s’organise par des chemins inattendus. Et qui par un regard sans regard rend alors visible ce qui ne peut être observé. Il ne saurait y avoir ni vainqueur ni vaincu, car celui qui marche ainsi sur ses propres chemins ne rencontre personne !

Dieu n’est plus depuis longtemps ! Nous en avons pris l’image, mais pas le don. Nous en avons pris ombrage, mais pas le pardon ! Nous en avons gardé l’ombre de la souffrance, et non l’amour, nous en avons gardé la mort et non la vie.

Nous préférons la guerre comme survie, la soumission à l’égalité. Arriverons-nous à dépasser le siècle des Fleurs du Mal pour celui de l’origine, à savoir la nature nue des choses, non les choses du savoir et qui nous rendent dénués de nature, qui nous contraignent dénature des nuées ! Nous nous sommes perdus ! Nous assisterons impuissants au sommeil profond de notre âme, sensation d’un brouillard qui rend floue la scène, réveillés par le spectacle des voix perdues dans la nuit, qui irradie le décor !

Comme le soleil rouge qui parsème de sa chaleur le corps blanc des nuages, ces vastes marécages. Pour redevenir ce si beau jardin, tacheté d’ombre et de lumières. Têtes d’argile, comme le ciel qui se reflète dans un miroir sans tain. Un océan du tout, du haut et du bas, équilibre nocturne d’un voyage éternel. Quelle que soit notre position, nous avons toujours la tête dans l’eau ! Quel que soit notre regard, nous avons toujours la tête sous les étoiles ! Et toutes ces nuits sont une infidélité à l’un ou l’autre de ces deux mondes comme un attachement à Adam et Ève. Une nécessité du rêve s’opère alors, un secret des passions tristes, celles que l’on ne peut choisir. L’inconfort des vents et des marées, celle qui ne peut choisir son rivage : Mais Quelle promesse, le fruit ! – Arnaud Zucker.

Pour la trilogie, Les nourritures de l’Oxymore – à l’image du film de Chris Marker, La jetée, 1962 : Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance… Une image volée, devenue avec le temps voilée et insaisissable.

L’ensemble des trois ouvrages peut se découvrir dans un sens de lecture à l’occidentale, de gauche à droite, ou bien selon une lecture à la japonaise, c’est-à-dire de droite à gauche. Permettant ainsi l’accompagnement du mélange des complexités des mondes, à la recherche d’une lumière qui éclaire en chacun de nous sa vérité ; et qu’il arrive parfois à partager à l’extérieur, non pas comme une contrainte mais comme une libération, un voyage avec soi-même !

Si vous ne faites pas face à votre ombre, elle vous viendra sous forme de destin
Problèmes de l’âme moderne, Éd. Buchet/Chastel, 1996, Carl Gustav Jung..

Car ne nous y trompons pas, c’est bien le chemin de la liberté et de l’amour qui est recherché dans le temps scellé :

Les pétales de nos liens font face à notre image, font l’image à notre face
Marc Michiels.

L’arbre de connaissance qui figurait dans mon dernier ouvrage de cette trilogie, Tels que nous sommes encore !, est une image importante. Mais comme toute pensée, toute chose est vouée à disparaître à l’approche du cycle des saisons, à réapparaître en signe comme une résurrection…
Cette fois-là, il s’agissait d’un cerisier en fleur, majestueux et solitaire. Pourquoi cette image est-elle plus importante que les autres ?

Sans doute qu’elle représente et symbolise ce qui est caché et inattendu. Ce que nous percevons quand nous accompagnons l’âme en voyage. Quand il y a une légère lumière qui permet la diffraction des sens, l’apaisement de l’ego. Cet arbre se trouve sur l’île d’Itsukushima – île sacrée au Japon –, aussi appelée Miyajima. Pourtant, à la prise de vue, rien de spécial, le lieu était certes un peu retiré, la place où il se trouve faisait penser à un espace des temps anciens où l’on se place en groupe pour assurer une protection, un échange naturel avec l’invisible. Comme souvent, lors de la prise de vue, cette sensation de flux m’est plus indiquée par le coeur que par l’esprit, comme une douceur, comme un point de fixation qu’il faut que j’approche, sans artifice particulier, dans la simplicité de la captation, dans le mélange de la fusion des espaces. Et puis, avec le temps, un dialogue s’opère, cet espace se dévoile dans son intériorité. L’image se révèle dans mon esprit, elle s’invite sans que je l’y invite. C’est comme si l’impression fixée sur un papier flottant dans ma mémoire avait son propre tempo, un rapport au temps plus dilué, et qu’il fallait au liquide une maturation qui lui est propre pour s’évaporer et laisser une impression colorée : noir comme de la braise, rouge comme le sang versé !

La vie est une alchimie que l’on ne cesse de déchiffrer ! À chaque fois différente. Si nous suivions les voies de la réception et celles de l’amour, nous saurions… Parfois, le papillon se pose sur une fleur, Il faut alors se faire confiance et oser, s’écouter sans réfléchir jusqu’à supprimer, un à un, les voiles de la violence pour accéder à l’origine de son image dans les ondes du silence que nous ne pouvons percevoir.

à celui qui a su garder un coeur d’enfant. L’impression de la main sur la paroi de la caverne : Il faut dire au revoir à ceux que l’on aime ! Où l’ombre, la braise et la matière s’attachent à la lumière d’une bougie inspirant le corps et le coeur de l’homme dans la nature, lui-même nature des hommes ; en s’imprimant sur la terre du cosmos, en voyageant dans la matière noire des poussières d’étoiles !

Plus personne n’habite ces mondes…
Tant de choses inutiles pour des principes futiles, alors que l’essentiel est ailleurs et ici.
L’homme est une croix pour l’homme et le bois son tombeau
Marc Michiels.

Reformuler de nouvelles questions et se perdre à nouveau dans l’océan de la migration et de l’exil. Voilà les couleurs qui s’opposent dans deux mondes qui s’ignorent. Le vent s’est levé, les ondes changent, le souffle fait son apparition. Des forces multiples vous invitent alors à partir. Comme Ulysse, il faut trouver une nouvelle énigme, une nouvelle image !

Faut-il que tu me quittes, petit chat, toi qui fus mon guide dans ces deux mondes ? Je pensais me relever, mais ton départ m’a fait retourner dans le marécage – où naissent sous la pénombre – des fleurs qui souhaitent disparaître une fois leur éclosion passée ; pour ne montrer que la beauté de l’instant. Dans une ultime respiration, dans mille soubresauts d’impuissance. Comment peux-tu me manquer à ce point, petite boule de poils, toi qui me suivais au moindre pas, qui attendais mon regard, mon attention, à chaque instant ?
Peut-être que ce voyage dans l’autre monde sera découvert plus tard, comme une empreinte, une image cachée dans la nature, ou comme un cri, un éclair, un écho, une trace dans le sable. Comme un tout, comme un rien ; lieu et lien éphémères, une simple ondulation, un arc-en-ciel dans la nuit qui jamais n’atteint sa cible…

Je sens qu’il est temps de partir, mais que je ne le peux pas. L’attachement, lui aussi à ses propres règles que l’on ne saurait redéfinir. Comme les aiguilles du temps qui ne se chevauchent qu’une seconde par siècle. Il faut simplement être là pour se mélanger à nouveau et pour ne former qu’un : la lumière de l’amour. Pour que disparaisse ton ombre noire sur ce bois vieillissant, sur le fond rouge, tout comme l’écume blanche glissant sur le reflet de l’eau bleue. Il n’y a que cela qui puisse mettre fin au voyage des âmes : Appeler le présent, le passé pour envisager l’avenir… Car en vérité, l’important, ce n’est pas comment on meurt, mais comment on vit !

Ce n’est pas l’ombre ou la lumière, mais la combinaison des deux, qui imprime la mémoire de vos sens en des sensations durables et éphémères, votre relation au monde. Entre une alchimie du don, du pardon et du recevoir… Et puis la respiration se fige, l’animal qui est en vous s’en va et vous laisse seul avec votre solitude, l’autre, celle qui vous habite pour l’éternité. Vous n’avez alors plus d’autre choix que de reprendre le voyage de l’âme au travers de l’épopée des corps. Ainsi va la vie, ainsi va le manque, ainsi va le temps !

L’idée n’est pas de se donner à lire, mais d’écrire en s’oubliant, comme l’expérience fugace d’un carnet de route ; non pas pour devenir un écrivain – traversé par mille avenirs –, mais pour être soi-même, au coeur de son origine, avec les siens, enfin retrouvés. Aujourd’hui, c’est moi, qui vais te suivre, et tu m’accompagneras alors dans des espaces plus lointains encore et inconnus à ce jour.

Vivre une vie d’errance et mourir dans l’indifférence, ce n’est déjà pas si mal, au moins nous n’aurons blessé personne. Simplement s’inscrire dans le cycle des saisons… Pour rendre à la terre ce qu’elle nous a donné : Les fleurs de la vie !

L’auteur a souhaité rendre hommage à certains poètes comme Charles Baudelaire, Pierre Reverdy, Paul Éluard, Arthur Rimbaud. Pour cela, il n’a voulu garder que quelques phrases du poème original, en italique dans l’ouvrage, pour ne garder que la structuration du texte, tout en proposant une autre version. Mais pas seulement, d’autres auteur(e)s l’accompagnent tout au long de ce voyage, une amitié s’est alors forgée au fil des liens et des rencontres, à la recherche d’un absolu imaginaire, une certaine distance et élégance, nécessaire au voyage vers la beauté.

Écrire, c’est oublier…
Éternels passagers de nous-mêmes,
Il n’est pas d’autre paysage que ce que nous sommes.
Nous ne possédons rien, car nous ne sommes rien
Écrire, c’est s’accompagner dans l’éternité d’une pensée

Fernando António Nogueira Pessoa.
Nous sommes tous des étrangers à nous-mêmes sur cette terre.

Le regard n’en sera que plus sincère,
transformé par le chemin de l’intime !
Merci à vous, poussières de lumières,
cendres de la vie.
Le voyage ne fait que commencer…
Écrire, c’est s’accompagner dans l’éternité d’une pensée
Marc Michiels.
La présence à soi naît dans le lointain des images
et s’éclaire de la lumière spirituelle que d’obliques échappées
font tomber sur les figures individuelles de la beauté…
De la critique à la poésie, Baudelaire – Jean Starobinski, 1967.

Publications : Au commencement était le regard ! est son onzième ouvrage après des livres d’artistes & poésies : Tels que nous sommes encore ! (2021), Divine Mélancolie (2019), Néogonie des rêves (2017) – Éditions. Lelivredart, des recueils de poésie : Aux doigts de bulles (2010), Aux passions joyeuses (2009) -Éditions. Ragage, un livre d’artiste : L’esprit des mutations (2006) – Éditions. Jannink, des photographies : Monographie 99-03 (2003) – Éditions. Les coccinelles associées, Le Marais, la légende des pierres (2001), Montmartre, la mémoire de tes chemins (2001) – Éditions. Hervas et un livre d’art : Abstractions mélancoliques (2000) – Éditions. Tanguy Garric qui a reçu le prix d’excellence du livre d’art au salon Tokyo en 2010.